Les actifs tokenisés connaissent une popularité grandissante, promettant de transformer des milliards de dollars d'investissements. La tokenisation permet de créer des versions numériques de biens réels, attirant ainsi un flot d’investissements potentiels. Cependant, malgré des prévisions optimistes, certains analystes remettent en question les estimations ambitieuses concernant la valeur des actifs tokenisés d'ici 2030, notamment l'idée qu'ils pourraient atteindre 30 trillions de dollars.

La Tokenisation : révolution ou surestimation ?

La tokenisation des actifs réels , bien que prometteuse, soulève des questions quant à son véritable potentiel. Jamie Coutts , analyste en chef chez Real Vision, estime que les prévisions de Wall Street, suggérant que les actifs tokenisés pourraient atteindre 30 trillions de dollars d'ici 2030, sont peut-être un peu exagérées. 

Selon lui, une estimation plus réaliste serait de l'ordre de 1,3 trillion de dollars, soit seulement 5 % de l'objectif initial.

Tokenization, Blockchain Fee Income & #Ethereum

Wall Street projects that $10 to $30 trillion in traditional assets will be tokenized over the next 5 to 10 years. That seems overly optimistic, considering BlackRock, the second-largest asset manager, has $10 trillion in AUM.… pic.twitter.com/vnhw0StW6V

— Jamie Coutts CMT (@Jamie1Coutts) August 26, 2024

Cette prévision repose sur un taux de croissance annuel composé (CAGR) de 121 %, un chiffre impressionnant mais potentiellement difficile à maintenir sur une longue période. Coutts souligne que même cette estimation plus modérée pourrait avoir un impact considérable sur l'écosystème Web3, touchant divers secteurs tels que les NFT, les plateformes sociales et les jeux vidéo. 

« Même avec seulement 1,3 billion de dollars tokenisés, l’effet d’entraînement sur d’autres domaines du crypto serait colossal », prédit Coutts. 

Toutefois, ce scénario modeste met en lumière l'importance de ne pas succomber aux prévisions trop optimistes.

Le rôle clé de la crypto et d’Ethereum dans l’équation

Ethereum est souvent considéré comme la plateforme privilégiée pour la tokenisation des actifs traditionnels. Cependant, Coutts souligne un « dilemme » pour Ethereum : bien que la blockchain soit au cœur de cette révolution, l' ascension des solutions de couche 2 (L2) pourrait détourner une grande partie des revenus générés, laissant Ethereum avec une part relativement faible.

Ces L2, optimisées pour des transactions rapides et peu coûteuses, pourraient capter entre 95 % et 99 % des revenus issus des actifs tokenisés, ne laissant à Ethereum que des miettes sous forme de coûts de règlement. 

En d'autres termes, même si Ethereum continue à jouer un rôle central, il pourrait ne pas en récolter les fruits autant que prévu. Ce constat souligne la complexité de la capture de valeur dans l’univers de la crypto, où l’innovation rapide des couches technologiques supérieures pourrait éclipser les gains potentiels de la blockchain mère.

  • Les prévisions de McKinsey & Company indiquent un marché de $2 billions pour les actifs tokenisés d’ici 2030 ;
  • Standard Chartered et Synpulse envisagent même $30 billions pour 2034 ;
  • La tokenisation de biens traditionnels, comme les obligations , est déjà en cours.

La tokenisation promet de dynamiser divers secteurs, transformant en profondeur l'immobilier et bien d'autres industries. Ce phénomène pourrait bien devenir la clé d'une révolution financière sans précédent.