Decentraland: le metaverse se réinvente après la hype

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Decentraland continue à se développer sans faire de bruit. Le metaverse reste actif, même si le nombre d’utilisateurs et la hype qui l’entourait ont chuté. Lors de l’European Blockchain Week de Barcelone, Cryptonaute a rencontré Bay Backner, productrice exécutive pour Decentraland. L’occasion de faire le point sur l’actualité de la plateforme.

Le metaverse vers une nouvelle ère?

Y a-t-il encore de la vie dans le monde de Decentraland? Le metaverse ne fait plus la une de l’actualité depuis longtemps maintenant, et on peut se demander si le secteur a toujours un avenir.

Lancé en 2017, Decentraland s’est imposé comme le premier metaverse utilisant la technologie blockchain. Le projet, né de l’imagination de hackers regroupés dans une maison partagée en Argentine, avait été le chef de file de la mode du metaverse, au côté de The Sandbox (voir notre avis sur la crypto Sand ).

“Nous avons connu un cycle de hype suite a l’annonce du rebranding de Facebook en Meta (le 28 octobre 2021, ndlr)“, rappelle Bay Backner. “Les marques ont été prises dans ce cycle, avec une attente parfois démesurée sur ce qui était possible de faire“.

Avec l’arrivée du bear market en 2022, et la déception autour du metaverse présenté par Facebook, le secteur est en effet rapidement passé de mode.

Mais comme on l’a vu récemment, le metaverse suscite toujours un certain intérêt. En juin dernier, The Sandbox a ainsi annoncé une levée de fonds de 20 millions de dollars, portant sa valorisation à 1,1 milliard de dollars.

Si Decentraland n’annonce pas de tels chiffres, la plateforme continue à investir dans son développement.

“Les développeurs ont compris que si nous voulons entrer dans une nouvelle phase pour les cinq à dix prochaines années, la technologie doit évoluer“, explique Bay Backner. “Depuis 18 mois, l’équipe travaille à la création d’un nouveau logiciel qui devrait être lancé à la fin du mois d’octobre“.

En intégrant de nouvelles technologies, l’objectif est de créer un metaverse se rapprochant davantage visuellement des jeux vidéo actuels.

“Nous sommes très enthousiastes à l’idée de créer un monde ouvert que vous pouvez explorer avec le même ressenti qu’un Zelda”, explique Bay Backner. “Mais avec en y ajoutant une couche supplémentaire: le fait de pouvoir accéder à une communauté et intéragir avec celle-ci“.

Les évolutions techniques pourraient ainsi s’avérer être la clé de la renaissance des metaverse, à l’heure où Apple, Meta et les autres géants de la tech travaillent sur la réalité virtuelle et les réalités augmentées.

“Une nouvelle vague arrive“, explique Bay Backner. “Il y a toujours eu des cycles de hype que ce soit avec les jeux vidéo, Internet… Le metaverse représente la prochaine génération de plateformes sociales. Mais cela n’arrivera pas immédiatement. Les réseaux sociaux Web2 ont commencé avec MySpace pour évoluer progressivement vers quelque chose d’autre“.

L’objectif est ainsi de faire du metaverse, à moyen ou long terme, l’équivalent des réseaux sociaux actuellement. Et de résoudre au passage certains problèmes grâce au Web3, en favorisant l’interopérabilité, avec des actifs digitaux transférables et une identité garantie par la blockchain et les NFT .

Conserver l’esprit Web3

Ces derniers mois, la communauté Decentraland a mis l’accent sur le développement de la plateforme sur mobile, la compatibilité avec les nouveaux casques de réalité virtuelle. Des évolutions technologiques qui pourraient contribuer à faire entrer le metaverse dans une nouvelle ère.

Les équipes travaillant pour le metaverse devraient toutefois faire en sorte de conserver les principes de base de Decentraland. Depuis sa création, la plateforme a été pensé comme totalement décentralisée, et fonctionnant sur le principe du bien commun. “Il s’agissait dès le départ d’un espace idéologique basé sur les connexions humaines, l’exploration et la créativité“, rappelle ainsi Bay Backner.

Selon elle, ces principes restent centraux dans l’évolution du metaverse. L’objectif est de donner naissance à une nouvelle génération de plateformes sociales qui ne soit pas aux mains de géants de la tech.

“Il faut éviter d’entrer dans ce qu’on appelle le technoféodalisme: un futur dominé par de grandes plateformes centralisées qui contrôlent la base d’utilisateurs, leurs actifs, les algorithmes, et peuvent censurer comme ils le veulent“, avertit Bay Backner. “Nous devons développer une alternative“.

Si les paysages de Decentraland restent pour le moment relativement vides, ils abritent ainsi une sorte d’utopie. Les artistes on notamment commencé à explorer de nouvelles manières de créer, dans un environnement libéré des contraintes physiques.

“Il n’existe pas de normes sociales, d’attentes sur la manière dont les gens sont supposés intéragir”, se réjouit Bay Backner. “J’ai vu des gens faire des flashmobs de pole-dance, ou se réunir dans des sources d’eau chaude virtuelles pour faire la fête. C’est un peu comme un festival Burning Man, poussé encore un peu plus loin“.

Des galeries d’art, mais aussi des festivals de musique, ont investi Decentraland, et des défilés de mode virtuels s’y tiennent toujours régulièrement.

Bay Backner compare ainsi l’évolution du metaverse à celle du cinéma: “Au départ, nous avions cette nouvelle technologie, et personne ne savait comment cela évoluerait. Nous essayons de trouver les réponses en favorisant la décentralisation et l’expression individuelle“.

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